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Economie spirituelle : une révolution des valeurs par Alfredo Sfeir-Younès

M. Sfeir-Younis est Chilien d’origine libanaise, cosmopolite et diplomate-né. Fils d’une grande famille maronite dont une branche s’est fixée au Chili, il est le neveu de Nasrallah Sfeir, le patriarche de l’Eglise maronite. Bouddhiste pratiquant, il a dirigé à Genève le World Bank Office, la représentation de la Banque auprès du quartier général européen de l’ONU et auprès de l’OMC.

A l'occasion d'un évènement réunissant sa sangha dans la
Borobudur Gompa (Albagnano), il tint le discours suivant, fort édifiant, et qui a contribué aux réflexions ayant mené aux ateliers Mérite et Patience.



Je demande aux maîtres la permission de parler.


C'est un privilège incroyable pour moi d'être ici en ce moment particulier alors que nous voyons qu'il n'y a pas seulement notre génération mais beaucoup de milliers de générations dans les personnes de maîtres qui, bien que jeunes, ont la connaissance de siècles. Ceci nous donne de l'espoir à propos de notre futur.

Il y a vingt ans, je me posais deux questions fondamentales :
comment faire pour que ma vie professionnelle reflète mes valeurs ?
et, dans quelle mesure ma vie en tant qu'économiste peut-elle signifier quelque chose pour les autres ?

Je voudrais tout d'abord développer la seconde question – c'est-à-dire qu'est que le progrès économique nous a apporté à nous tous aujourd'hui – et, si nous découvrons que cela ne marche pas, alors la question pour nous tous aujourd'hui est : où allons-nous ? Et, est-ce que les valeurs spirituelles ont quelque chose à voir avec cela ?

Si nous regardons le monde aujourd'hui, il est vraiment évident que le progrès économique est phénoménal parce que nous pouvons voir un progrès matériel. Notre progrès matériel est extraordinairement positif : par exemple, en termes de communication, en termes de transport. Ce matin, j'étais à Genève, maintenant je suis ici. Ce soir je serai à Genève, demain je serai à Paris et le jour suivant je serai de retour à Genève, tel est le phénomène incroyable de ce siècle.

Il y a vingt ans, quand j'étais au Chili, il était très difficile même d'obtenir une ligne téléphonique, maintenant je peux appeler mes parents en une seconde. Ainsi, si nous regardons au progrès économique en ce qui concerne la santé, il y a beaucoup de maladies qui peuvent maintenant être guéries. Si nous regardons la durée de vie des personnes, les personnes vivent plus longtemps ; si nous regardons le nombre de voitures, d'écoles, de téléphones, de bâtiments, nous avons l'impression que le progrès économique est excellent pour le monde.

Cependant, si nous regardons la véritable réalité du monde, nous trouverons qu'il y a 1,5 billions de personnes qui gagnent moins d'un dollar par jour, qu'il y a 35 000 enfants qui meurent chaque jour de maladies dont les cures ont déjà été découvertes, qu'il y a 600 000 femmes qui meurent chaque année parce qu'elles n'ont pas accès aux soins de santé, que la moitié du monde n'a pas accès à l'eau ou à l'hygiène, et qu'il y a 2050 millions d'enfants aujourd'hui qui ne vont pas à l'école et qui sont devenus esclaves du soit disant progrès économique.

Si nous regardons l'environnement, nous pouvons voir combien le progrès économique détruit les forêts, comme l'Amazone. Nous polluons l'océan, nous polluons l'air, nous détruisons l'ozone, nous éliminons toute vie sauvage autour du monde. Nous vivons maintenant parmi la violence et le conflit. Il y a eu plus de cent de guerres depuis 1968 dans lesquelles plus de 100 millions de personnes ont péri, nous apprenons à nos enfants à être les meilleurs tueurs avec la télévision et les jeux des journaux. Nous disons à nos enfants qu'il y a des vies de qualités différentes, si quelqu'un meurt dans un pays développé, s'il y a des avions, des sous-marins, des tanks, des désastres de bombes, ceux-ci sont décrits comme terribles, mais, si un million de personnes meurent en Afrique, nous ne le saurons jamais.

Ainsi, pendant de nombreuses années, je me suis demandé comment moi, un économiste, je pouvais contribuer à ce problème et je me demande pourquoi, malgré notre intérêt ici concernant la paix et l'égalité, pourquoi nous ne trouvons pas réellement la paix et l'égalité. J'ai trouvé, après beaucoup d'années de réflexion et de méditation, qu'il y a une raison fondamentale pour laquelle cela se passe. La raison est, le système de valeur et de croyance que nous avons maintenant se traduit par un comportement qui se traduit par un système de guerre et d'inégalité. Je ne peux pas entrer dans les détails de ceci maintenant par manque de temps, mais j'aimerais quand même vous dire qu'aujourd'hui nous essayons de chercher une solution matérielle pour résoudre à la fois des problèmes matériels et des problèmes non matériels. c'est une des grandes erreurs.
Ce que je peux partager aujourd'hui avec vous est que la seule solution est une révolution de valeurs et cette révolution de valeurs demandera une réconciliation totale entre l'économie et la spiritualité.

Auparavant, dans l'histoire passée, le défi pour le monde était la réconciliation entre la science et la religion et beaucoup de personnes sont mortes parce qu'il n'y avait pas de réconciliation entre la science et la religion. Pensez seulement combien de personnes sont mortes parce qu'elles pensaient que la terre était ronde.

Aujourd'hui, le défi est la réconciliation de l'économie et de la spiritualité, et c'est pourquoi il est si important pour moi d'introduire la spiritualité dans ma vie, dans la pratique que je fais dans ma profession.

Je voudrais terminer par quelques pensées très spécifiques, la première, que dans ce millénaire nous devons nous dévouer à des valeurs spirituelles. La seconde, que des communautés comme la vôtre, ici, sont fondamentales aujourd'hui, non seulement pour le développement de valeurs spirituelles mais également pour traduire ces valeurs spirituelles dans la pratique de ceux qui sont ici, ainsi que de ceux qui sont à l'extérieur. Aujourd'hui, les personnes n'atteignent pas la paix parce qu'elles n'ont jamais fait l'expérience de l'état de paix intérieure. Aujourd'hui, nous ne faisons pas l'expérience de sciences économiques correctes parce que nous n'avons pas mis notre moi intérieur dans les sciences économiques.

Je termine en disant que vous devriez vous dévouer aux valeurs spirituelles que vous avez aujourd'hui. Si vous êtes bouddhiste, vous devez vous dévouer aux sciences économiques bouddhistes ; si vous êtes musulman, aux sciences économiques musulmanes, peu importe ce que vous êtes, vous devez vous dévouer à la transformation du progrès des sciences économiques.

Je veux vous dire merci pour m'avoir écouté, merci à Lama Gangchen pour m'avoir invité ici, merci pour votre compagnie, et je voudrais vous dire allons-y, main dans la main, et faisons cette révolution de valeurs.
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